cyberbullying on tablet

Si vous avez des enfants dans le système scolaire, vous avez sûrement entendu parler d’intimidation et de ses effets négatifs depuis un certain temps déjà. Oui, l’époque où les enfants à la polyvalente devaient s’inquiéter d’avoir la tête plongée dans les toilettes ou poussée dans des casiers est, pour la plupart, révolue. Les enseignant(e)s sont désormais informé(e)s sur l’intimidation physique et la surveillent activement, et de nombreuses campagnes anti-intimidation sont en cours. Mais de la même façon que lorsqu’on éteint un feu de camp et qu’on risque de projeter des braises, lorsqu’on contrôle un type d’intimidation, un autre peut surgir. Je parle de cyberintimidation ou d’intimidation en ligne, et c’est devenu un problème grave au Canada.

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Les origines de la cyberintimidation

Nous entendons parler d’intimidation de plus en plus en ce moment, et on pourrait facilement penser qu’il s’agit d’un problème assez récent, qui est apparu au cours des 20 dernières années. L’intimidation est présente depuis longtemps, très longtemps, et certaines références datent du siècle dernier.

  • Par exemple, prenez Oliver Twist de Charles Dickens. Publié en 1838, il s’agit du premier roman en anglais qui porte sur un enfant victime d’intimidation.
  • Faites un saut dans le temps jusqu’en 1967 et The Outsiders, un livre que mon propre fils a lu pour son cours d’anglais de 8e année au cours de la dernière année. Il parle d’un enfant de 14 ans victime d’intimidation et de la façon dont il y fait face.
  • Et qui pourrait oublier les livres de Judy Blume? Le livre « Blubber » a été écrit lorsque j’étais toute petite, mais j’ai quand même versé des larmes pour la fille intimidée en 5e année lorsque j’ai lu ce livre, à l’école primaire. Je ne pense pas que je pourrai le lire maintenant que j’ai mes propres enfants.
  • Il y a eu des films traitant d’intimidation, certains étant réalisés de telle manière qu’ils peuvent paraître drôles et vous désensibiliser par rapport à l’intimidation. Les Tronches, Retour vers le futur et Karaté Kid en sont des exemples des années 1980, et plus récemment, nous avons eu Méchantes ados.

Nous aimerions penser que ces interprétations de films et de livres sont exagérées, mais ces situations arrivent chaque jour à des milliers d’enfants partout au Canada. Elles ne se produisent pas toujours de façon évidente, et c’est parce que le petit monde de téléphones intelligents dans lequel nous vivons tous est devenu le lieu de naissance d’un autre type d’intimidation : la cyberintimidation.

La cyberintimidation a vraiment pris son envol lorsque nous avons tous commencé à utiliser des téléphones intelligents, mais elle se faisait déjà à travers des ordinateurs personnels. On vit maintenant nos vies en ligne autant que hors ligne, et c’est parfait si vous êtes un adulte et que vous utilisez votre bon jugement et vos bonnes manières pour garder vos interactions en ligne aussi positives que possible. Mais, que se passe-t-il si vous êtes un enfant qui manque de jugement? Et si vous êtes quelqu’un qui ne réalise pas ce qui est publié en ligne reste toujours en ligne, et que vous ne pouvez pas comprendre ou que vous ne vous souciez pas vraiment s’il y a quelqu’un à l’autre extrémité de l’application ou du site Internet qui est une personne vivante qui respire et qui a des sentiments? Eh bien, vous avez donc un problème, et puisque nous avons tous un téléphone intelligent, ce n’est pas un petit problème.

Qu’est-ce que la cyberintimidation?

La définition de base de la cyberintimidation est l’utilisation de la technologie pour commettre un acte d’intimidation. Une personne commettant un acte de cyberintimidation utilise son téléphone intelligent comme moyen d’intimidation, d’hostilité ou de diffamation envers une autre personne en ligne. Je pense depuis longtemps que l’un des endroits les plus brutaux et les plus évidents où l’on peut trouver des exemples de cyberintimidation est dans la section commentaires de YouTube. Je ne suis pas un enfant, mais j’ai publié des vidéos et on m’a dit de me faire du mal et j’ai lu des commentaires sur YouTube au sujet de mon poids, de mes vêtements et de mon apparence. YouTube a mis en œuvre des stratégies pour réduire ces commentaires, vous trouverez tout de même un énorme problème de cyberintimidation sur des applications comme Facebook, Instagram, Snapchat, TikTok et Discord.

De quelle façon la cyberintimidation se manifeste-t-elle?

La cyberintimidation se produit dans le monde relativement privé d’un téléphone intelligent, d’une tablette ou d’un ordinateur, il est donc vraiment difficile de la surveiller et encore plus difficile de l’arrêter. Si vous jetez un coup d’œil au site Internet Erasebullying.ca du ministère de l’éducation de la Colombie-Britannique, il y a une ligne qui résume bien tout cela.

La cyberintimidation a élargi la limite de l’intimidation, permettant aux enfants d’être harcelé(e)s en tout temps, peu importe où ils ou elles se trouvent, même dans leur chambre à coucher.

Il contient également une vidéo d’intérêt public (en anglais) qui est très pertinente.

Les enfants publient des vidéos, des photos ou seulement des commentaires sur eux-mêmes sur les médias sociaux, les blogues ou d’autres sites Internet, et les gens peuvent commenter. Lorsque quelqu’un, même un inconnu, saute dans la conversation et dit quelque chose de méchant ou de blessant, c’est la cyberintimidation. Des choses comme « tu es laid(e) » ou « tu es gros(se) » sont courantes. Comme nous le savons tous, ce ne sont pas les pires exemples. Cela peut s’envenimer.

L’un des cas les plus connus de cyberintimidation au Canada était celui d’Amanda Todd, une adolescente de la Colombie-Britannique âgée de 15 ans. Elle a été à la fois cyberintimidée et cybertraquée, et tragiquement, elle a décidé de mettre fin à ses jours en 2012. En 2022, 10 ans plus tard, un homme des Pays-Bas a été extradé au Canada, inculpé, et condamné à 13 ans de prison pour avoir harcelé et traqué Amanda et d’autres adolescents à l’aide de 22 comptes de médias sociaux différents. Il a également été condamné à 11 ans de prison aux Pays-Bas.

Ce cas n’est qu’un exemple d’une enfant qui a été poussée à se faire du mal en raison de la cyberintimidation. Il peut s’agir d’un exemple extrême, mais vous pouvez voir comment ces situations peuvent s’envenimer. Certaines des données les plus récentes sur la cyberintimidation montrent que, sur une échelle de 35 pays, le Canada a le 9e taux le plus élevé de harcèlement chez les enfants de 13 ans. Près de 50 % des parents canadiens affirment avoir au moins un enfant victime d’intimidation, et ces données ne sont basées que sur les personnes qui rapportent un incident. Pouvez-vous imaginer ce que serait le nombre réel?

Comment peut-on mettre fin à la cyberintimidation?

how to deal with cyberbullying

Maintenant que vous savez ce qu’est la cyberintimidation et à quel point elle est répandue pour nos enfants, que pouvez-vous faire si un membre de votre famille en est victime ou si vous pensez que votre enfant persécute quelqu’un d’autre?

Soyez la personne en qui votre enfant a confiance

Dans le cas de tout type d’intimidation, le fait d’être au courant vous donne un avantage. Les enfants, surtout les pré-adolescent(e)s ou les adolescent(e)s, ont de la difficulté à se confier sur leurs problèmes. Dans le cas d’une intimidation physique, vous pourriez recevoir un appel de l’école, ou votre fils ou votre fille aurait des ecchymoses indiquant qu’il ou qu’elle a été bousculé(e). Avec la cyberintimidation, les blessures sont psychologiques et les cicatrices ne sont pas faciles à voir. Si vous avez un dialogue franc avec vos enfants au sujet de leur vie et des choses qui les dérangent, vous aurez de meilleures chances d’entendre parler de la cyberintimidation lorsqu’elle se produit.

Surveillez le téléphone, la tablette ou l’ordinateur de votre enfant

Nous avons une politique dans la famille selon laquelle nos enfants pouvaient avoir leur propre téléphone lorsqu’ils iraient à l’école secondaire. L’une des règles qui accompagnaient ce téléphone était que, pendant la première année au moins, nous pouvions le récupérer et le consulter à tout moment. Pour les jeunes enfants, la transparence totale a été une bonne politique, car elle leur a permis de savoir qu’on pouvait leur enlever le téléphone s’ils l’utilisaient pour faire du mal à d’autres personnes. Si vous êtes dans une situation où vous pouvez voir que votre enfant est victime de harcèlement ou d’intimidation sur son téléphone ou son ordinateur, vous pouvez prendre quelques mesures.

Bloquer l’utilisateur : Bloquer et ignorer un compte en ligne qui intimide votre enfant est la première étape. Sachez simplement que bloquer les comptes sur les médias sociaux signifie souvent que l’intimidateur créera un nouveau compte.

Documentez toutes les preuves :  Pour protéger votre enfant, vous devez documenter tous les messages ou publications qui montrent de la cyberintimidation. Prenez des captures d’écran et conservez-les au cas où vous auriez besoin de communiquer avec la police.

Signaler la cyberintimidation : Il existe des outils de rapport sur la plupart des sites de médias sociaux, et vous pouvez utiliser ces outils pour signaler les utilisateurs qui traquent, harcèlent ou intimident votre enfant. Si la situation s’aggrave, vous pouvez également signaler la cyberintimidation à la police.

Utilisez un logiciel pour surveiller les appareils de votre enfant : Il existe différents types de logiciels pour surveiller les sites que votre enfant visite et l’empêcher de communiquer ses renseignements personnels à des intimideurs potentiels.

Si la personne qui fait de l’intimidation fréquente l’école de votre enfant, vit dans le quartier ou est personnellement connue de vous et de votre enfant, vous pouvez signaler l’intimidation aux parents ou à l’école. Vous pouvez aussi retirer le téléphone, l’ordinateur ou la tablette de votre enfant pour le protéger des interactions en ligne. Si vous le faites, vous devez savoir que l’intimidation en ligne peut souvent entraîner de l’intimidation et du harcèlement dans la vraie vie. Vous devez donc rester à l’affût de la situation même si votre enfant n’a plus accès aux médias sociaux.

Doit-on communiquer avec la police au sujet de la cyberintimidation?

Le harcèlement en ligne est illégal, et ce savoir est la première étape pour obtenir de l’aide lorsque votre enfant est victime de cyberintimidation. Si votre enfant a demandé à la personne qui est à l’origine de la cyberintimidation de cesser, si vous l’avez bloqué à plusieurs reprises en ligne et qu’elle continue tout simplement, il peut être temps d’alerter la police.

Vous pouvez signaler du harcèlement et de l’intimidation en ligne à votre GRC locale. Lorsque vous appelez la police pour signaler le problème, faites en sorte d’avoir tous les renseignements relatifs à l’incident ou aux incidents, notamment les heures, les dates, les captures d’écran, ainsi que toute séquence vidéo ou audio que vous pouvez trouver. Vous pouvez même communiquer avec votre fournisseur d’accès Internet ou votre compagnie de téléphone et signaler l’abus.

Ne passez pas sous silence la cyberintimidation

La cyberintimidation peut causer de réels préjudices à la santé mentale d’un enfant. Il ou elle peut devenir anxieux(se), stressé(e) et se sentir en danger à la maison et à l’école, alors si vous le remarquez ou vous avez un doute, vous devez rester à l’affût. Si vous soupçonnez que votre enfant est à l’origine de l’intimidation, dites-lui qu’il est surveillé et tenez-le responsable de ses actions. Si votre enfant est victime, il ou elle doit savoir que vous êtes là pour l’aider.

Il y a beaucoup de zones grises en matière de cyberintimidation, mais dans toutes les situations, vous pouvez utiliser votre bon sens, faire confiance à votre instinct et toujours demander de l’aide lorsque vous en avez besoin. Il y a de fortes chances que si vous vous demandez si c’est vraiment de la cyberintimidation, c’est probablement le cas.

Shelly Wutke
J’aime écrire sur à peu près tout, des mélangeurs aux portables, et y mettre ma touche personnelle. Pigiste depuis 5 ans à Vancouver, j’ai travaillé pour le Globe & Mail, The Vancouver Province, Chicken Soup for the Soul (allez chercher votre mouchoir) et sur de trop nombreux sites Web pour pouvoir les nommer. Mon site Web personnel est le survivemag.com.