«Dans mon jeune temps», choisir une solution de stockage pour son ordinateur personnel était facile: on prenait la disquette de 5 1/4 pouces la moins chère au magasin, point final. Quand elle était pleine, on la retournait de côté pour enregistrer sur sa «face B» non certifiée et on espérait que ça tienne le coup jusqu’à la prochaine visite chez M. Nishimura. Si ça marchait, tant mieux. Sinon, ce n’était pas grave: on n’aurait qu’à retaper notre programme de 45 lignes en BASIC à partir d’une copie imprimée la prochaine fois qu’on en aurait besoin! (J’exagère, mais à peine. Oui, je suis si vieux que ça.)
En fait, en matière de stockage, la plus grosse décision que j’ai eu à prendre au moment de l’achat de mon premier Golden II (un clone d’Apple II, à l’époque où Apple permettait à d’autres manufacturiers de cloner ses appareils), c’était de savoir s’il y aurait un ou deux lecteurs de disquettes. Un disque dur était hors de question: la classe d’informatique de mon école secondaire, avec ses 18 postes de travail, avait investi une fortune dans un serveur doté d’un disque dur de… 1 Mo, partagé entre tout le monde.
Les choses ont bien changé aujourd’hui. Si vous songez à acheter un nouvel ordinateur, que vous manquez de place pour vos vidéos de chats, ou que votre disque dur actuel se met de plus en plus régulièrement à émettre des hurlements d’otarie asthmatique, choisir une solution de rechange n’est pas de tout repos. Aujourd’hui, je vous propose un tour d’horizon des technologies disponibles sur le marché, des avantages et inconvénients de chacune, et de quelques produits qui pourraient faire votre bonheur techno pendant des années.
Le bon vieux disque dur
À la base, un disque dur est une plaque de métal recouverte d’un substrat magnétique. Lorsqu’on veut lire ou écrire des données, le disque tourne sur lui-même jusqu’à ce que l’on atteigne le «bon» secteur, le bras de lecture-écriture déplace la tête magnétique jusqu’à la bonne piste, et on applique un champ magnétique au disque.
Avec le temps, la technologie s’est beaucoup raffinée: on peut entasser un plus grand nombre de pistes sur la même plaque et un plus grand nombre de plaques dans un seul boîtier, par exemple. Mais le principe reste le même: un disque magnétique qui tourne.
Avantages du disque dur
Le principal avantage du disque dur, c’est sa capacité: on obtient plus d’espace de stockage par dollar investi, et plus de gigaoctets au total qu’avec n’importe quelle autre solution. On peut trouver un bon disque dur comme ce Coolspin 4 To de Hitachi, pour 5 à 10 cents du Go, selon la capacité.
Les disques externes que l’on apporte partout avec soi coûtent un peu plus cher que les disques internes fixés à l’ordinateur, et les disques internes pour portables coûtent plus cher que ceux destinés aux ordinateurs de bureau, mais la différence est de moins en moins significative.
Inconvénients du disque dur
Le moteur de rotation, le bras de lecture et la tête de lecture d’un disque dur sont des pièces mobiles, et qui dit «pièce mobile» dit «risque de bris». Les disques d’aujourd’hui sont beaucoup plus robustes que ceux d’il y a 10 ou 20 ans, et certains sont même capables de se protéger automatiquement si on échappe l’ordinateur ou qu’un tremblement de terre frappe pendant une opération d’écriture, mais le risque est là. (Faites vos copies de sauvegarde!)
Le disque dur est aussi relativement lent, surtout quand les fichiers sont très fragmentés. Le déplacement du bras de lecture/écriture constitue la partie la plus lente d’une opération; s’il faut la répéter à de nombreuses reprises parce qu’un fichier est divisé en 10, 20 ou 50 morceaux, la performance pourrait se détériorer de façon significative. Mais ce genre de chose risque surtout de se produire si votre disque est presque plein; si votre disque dur est rempli à 25% ou à 50% de sa capacité, la fragmentation n’aura aucune importance.
Enfin, les disques durs sont (relativement) bruyants. Là encore, la technologie a beaucoup évolué, et on est loin du vacarme des premiers PC; en fait, un disque dur très bruyant est probablement le signe d’une défaillance imminente. (FAITES VOS COPIES DE SAUVEGARDE!)
Conseils d’achat
Un disque de grande capacité, c’est bien, mais ne vous laissez pas trop influencer par les chiffres. À moins de multiplier les fichiers vidéo et les jeux, vous ne remplirez probablement jamais votre disque; je me considère comme un geek d’assez bon calibre et le disque dur de mon ordinateur actuel n’est rempli qu’à 25% après 4 ans d’usage.
Si vous comptez enregistrer de la vidéo, privilégiez un disque dur interne à rotation rapide (7 200 tours/minute ou mieux) pour éviter de perdre des images.
Enfin, si vous choisissez un disque externe et que vous comptez vous en servir souvent, choisissez un produit certifié USB 3.0 comme ce MyPassport de Western Digital même si votre ordinateur actuel n’a que des ports USB 2.0. Les disques 3.0 sont rétrocompatibles alors tout fonctionnera comme prévu, et le jour où vous changerez d’ordinateur vous profiterez d’une accélération appréciable.
Le «disque» SSD
SSD signifie «solid-state drive», ou «périphérique à l’état solide», ce qui signifie que contrairement au disque dur un périphérique SSD n’a aucune pièce mobile: pas de moteur, pas de tête de lecture qui se déplace, pas de plaques qui tournent, etc. L’utilisation du terme «disque» pour décrire le stockage SSD est donc malheureuse, mais on doit s’y habituer.
En fait, un disque SSD est constitué de plusieurs blocs de mémoire flash, comme celle que l’on retrouve dans les clés USB — mais en versions plus rapides et plus fiables.
Avantages du disque SSD
Le stockage SSD est ultra-rapide: un ordinateur doté d’un disque SSD démarrera plus vite, lancera de nouvelles applications plus rapidement, et chargera des fichiers à la vitesse de l’éclair.
Le SSD est aussi silencieux et, puisqu’il n’a pas de pièces mobiles, généralement plus durable que le disque dur. Les manufacturiers n’hésitent d’ailleurs pas à offrir des garanties de 3 à 5 ans, comme pour ce disque M500 de Crucial. Mieux: si les cellules de mémoire SSD ne sont pas éternelles, plusieurs périphériques SSD sont capables de s’auto-diagnostiquer et de vous prévenir à l’avance en cas de défaillance.
Désavantages du disque SSD
Pour la même capacité, un périphérique SSD peut facilement coûter 10 à 20 fois plus cher qu’un disque dur, et la différence de prix devrait rester significative pendant encore plusieurs années.
De plus, rares (et chers!) sont les périphériques SSD qui offrent plus de quelques centaines de Go de stockage. Il est donc très possible que vous ayez aussi besoin d’un disque dur.
Conseils d’achat
Pour maximiser le rapport qualité-prix, envisagez d’acheter un périphérique SSD de capacité modérée, comme ce Pro Series 128 Go de Samsung; d’y installer votre système d’exploitation et vos logiciels favoris; et de lui adjoindre un disque dur d’un ou deux To pour les autres fichiers. Vous bénéficierez alors des principaux avantages du SSD (démarrage rapide, lancement d’applications rapides) sans vous ruiner.
Le disque hybride
Malheureusement encore trop rare, la technologie du disque hybride constitue peut-être l’avenir du stockage de masse. Un disque hybride contient à la fois une banque de mémoire SSD et un disque dur; certains, comme le SSHD de Seagate, peuvent observer le comportement de l’usager pour déplacer en SSD les fichiers et logiciels utilisés le plus fréquemment, histoire d’obtenir la meilleure performance possible à un prix raisonnable.
Évidemment, pour obtenir le meilleur des deux mondes, il faut aussi être prêt à accepter le pire des deux mondes. Avec un disque hybride, vous paierez plus cher que pour un disque dur de même capacité et vous n’obtiendrez pas toujours toute la vitesse d’un SSD pur. Mais selon vos besoins, il est bien possible qu’un hybride constitue quand même le compromis idéal.
Pourquoi pas une clé USB?
Si vous avez surtout besoin d’un stockage d’appoint et que la vitesse n’est pas un facteur déterminant, votre meilleur choix pourrait être une clé USB. On peut maintenant trouver des clés d’une capacité de 128 Go, comme le Jumpdrive S23 de Lexar; en matière de portabilité, impossible de trouver mieux!
Attention: la mémoire flash intégrée aux clés USB est cependant beaucoup plus lente que celle que l’on retrouve dans les disques SSD. Le Jumpdrive 23 de Lexar, par exemple, peut lire des données à 100 Mo par seconde et les écrire à 55 Mo par seconde, tandis que certains SSD internes peuvent atteindre des vitesses de transfert de 6 Go/s, soit 50 à 100 fois plus. Pour enregistrer pendant la nuit une copie de sauvegarde que vous pourrez transporter avec vous partout en cas de vol ou d’incendie, c’est génial; comme stockage principal pendant que vous travaillez, beaucoup moins.
Conclusion
Alors, si on récapitule, le choix le plus éclairé pour répondre à vos besoins pourrait être:
- Pour la capacité et le prix: un disque dur
- Pour la vitesse et la durabilité: un SSD
- Pour un compromis presque parfait: un disque hybride
- Pour la portabilité: une grosse clé USB.
Et surtout, quel que soit votre choix… N’oubliez pas de faire vos copies de sauvegarde!
L’article date de 2014.
Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez en 2018 (ou plus tard si vous lisez ce message en ‘très’ différé) à savoir si quelque chose à changer suffisamment pour changer un peu la conclusion surtout par rapport aux prix.
En passant, l’intro est très comique d’autant plus que par mon âge vénérable je ne comprends que trop bien de quoi vous parlez. Cas vécu… !
:0)
@Tremblay J: Les paramètres généraux n’ont pas tellement changé, sauf que les portables qui donnent l’option de choisir autre chose que du SSD sont de plus en plus rares. Les disques hybrides n’ont pas vraiment pris une grande place sur le marché; soit on se contente de l’espace fourni avec le SSD interne, soit on y ajoute des disques durs externes. Et on s’ennuie toujours autant des disquettes 5 1/4! 🙂
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