Canon entre enfin dans le marché des appareils photo plein format sans miroir avec le modèle EOS R, une option intéressante pour quiconque cherche une mise à niveau par rapport à leur appareil photo reflex numérique d’entrée de gamme.
Les gens qui portent attention au marché des appareils photo se sont longtemps demandé quand Canon lancerait un appareil photo plein format sans miroir. L’appareil EOS R est la réplique de ce fabricant par rapport à la gamme d’appareils photo sans miroir de Sony et les modèles plein format Z6 et Z7 de Nikon. Il est difficile de pointer du doigt un modèle d’appareil photo reflex numérique de Canon en particulier qui l’aurait inspiré, car il emprunte divers éléments de plusieurs modèles.
Cet appareil photo devrait se démarquer par lui-même. Il excelle sur certains points et me laisse perplexe sur d’autres : c’est un modèle qui exige un peu de temps et de patience pour apprendre à l’utiliser.
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Design et objectifs
Comme les autres appareils photo sans miroir, le modèle EOS R utilise un viseur électronique. Son boîtier est un peu plus compact que la plupart des appareils photo reflex numériques de Canon. Comme d’habitude avec les modèles de Canon, je n’ai aucune plainte concernant le design. Mais si vous vous attendiez à un appareil très compact, ce n’est pas le cas.
La seule chose qui me dérange un peu, c’est le poids de l’appareil. Il est plus lourd que les modèles Z7 de Nikon et A7 III de Sony, par exemple. L’objectif 24-105 mm f/4 est lui aussi assez lourd et ajoute du volume à l’appareil. C’est le seul objectif que j’ai pu utiliser pour évaluer cet appareil. Si j’avais pu utiliser l’objectif 50 mm f/1,2, par exemple, j’aurais peut-être une impression différente.
En tout cas, c’est ce que je pense. Bien que l’appareil EOS R utilise le système de monture d’objectif RF qui diffère de celui utilisé normalement par Canon, on peut quand même profiter des excellents modèles d’objectifs précédents de Canon grâce à l’adaptateur de monture EF-EOS R. Pour l’instant, l’offre en matière d’objectifs RF est limitée. Il y en a quatre au total, mais Canon promet que plus de modèles sortiront cette année.
Sous le capot, Canon a installé un capteur d’image de 30,3 Mpx. Au début, je pensais que c’était la même capteur que celui de l’appareil photo reflex numérique EOS 5D Mark IV, mais apparemment ce n’est pas le cas. La principale différence que j’ai pris la peine de noter, c’est que le modèle EOS R a un plus grand nombre de positions de mise au point (5655, pour être exact), ce qui laisse présager une mise au point automatique à tout casser.
J’y reviendrais plus tard, mais avant, je veux parler d’une chose que j’ai trouvée bizarre : l’absence de stabilisateur d’image dans le boîtier. Pour les appareils photo reflex numériques, le stabilisateur se trouve généralement dans l’objectif, mais pour les appareils sans miroir, celui-ci peut se trouver dans le boîtier. L’avantage de placer le stabilisateur dans le boîtier, c’est tous les objectifs en profitent. C’est une omission étrange quand on voit que les nouveaux objectifs RF n’ont pas de stabilisateur d’image. L’absence de stabilisateur dans le boîtier de l’EOS R m’a vraiment dérangé. J’aurais aussi aimé avoir plus d’une fente pour carte mémoire.
Apprivoiser l’EOS R
La disposition des boutons et le menu sur l’écran ACL seront familiers pour les personnes qui ont utilisé d’autres modèles de Canon. Malgré cela, découvrir où chaque option se trouve va vous prendre du temps. L’EOS R offre une multitude d’options pour personnaliser vos clichés.
Le viseur électronique est beau et net, et la mise au point automatique avec repérage des yeux est correcte (même si elle ne fonctionne que pour les clichés simples avec mise au point automatique). On peut prendre une photo en touchant l’écran pour faire la mise au point, et une option permet de faire la mise au point et de prendre la photo en même temps. L’écran pivote aussi sur 180 degrés, ce qui est idéal pour les égoportraits ou se filmer soi-même.
La disposition des boutons est semblable à celle des anciens modèles reflex numériques de Canon, mais on doit quand même apprivoiser quelques nouveautés. La barre de fonctions au-dessus de l’écran ACL est censée être un curseur personnalisable pour les réglages comme l’équilibrage des blancs, l’obturateur ou l’ouverture. C’est intéressant, mais je ne le trouve pas toujours ergonomique. J’aurais préféré un manche semblable à celui de l’A7 de Sony.
Je ne suis pas amoureux de la molette permettant de changer de mode de prise de vue non plus. La seule façon de savoir quel mode est actif est de regarder le petit écran sur le dessus. Personnellement, j’ai toujours trouvé les boutons rotatifs physiques plus pratiques pour changer de mode.
Point positif, la robustesse du boîtier de l’EOS R en fait l’appareil idéal pour différents climats. Les jours de grand froid comme les nuits humides, l’appareil prend vos photos.
Qualité des photos
Le système de mise au point automatique que j’ai mentionné ci-dessus est presque trop varié. On compte 5655 points distincts couvrant 88 % du cadre verticalement et 100 % horizontalement. C’est énorme, donc dans l’ensemble la mise au point est excellente dans une foule de situations.
Cependant, j’ai découvert quelques bémols. D’abord, pour verrouiller la mise au point sur un sujet en mouvement, l’EOS R nous force à le sélectionner sur l’écran, et non par le viseur. Deuxièmement, les résultats en situation de faible éclairage étaient mitigés, la mise au point automatique ne savait pas toujours sur quoi se concentrer en raison des angles ou de l’éclairage. Troisièmement, le mode rafale ralentit considérablement quand la mise au point est activée. J’ai vérifié, et on parle ici de 5 ips. C’est moins que la norme de 8 ips, mais c’est plus que le résultat de 3 ips que l’on obtient lorsqu’on active le mode « Tracking Priority ».
Malgré certaines nuances, il n’est pas difficile d’obtenir d’excellentes photos une fois que l’on s’est familiarisé avec l’appareil. L’appareil offre de belles couleurs, des images nettes et une grande gamme dynamique, même à un réglage ISO de 6400. Personnellement, j’essaie de rester entre ISO 200 et 1600, mais j’ai été impressionné de voir que j’aurais pu aller plus haut.
Je ne pouvais m’empêcher de souhaiter que l’appareil ait un manche pour déplacer le point de mise au point, mais j’ai quand même pu obtenir de bons résultats sans cela. De plus, j’ai commencé à toucher l’écran ACL pour faire la mise au point lorsque je ne voulais pas me contorsionner pour regarder dans le viseur électronique. De toute façon, j’ai aimé en général les photos que j’ai prises avec l’EOS R.
Je n’ai pu faire le test de l’appareil qu’avec un seul objectif. Si j’avais pu en faire l’essai avec d’autres, j’aurais eu une meilleure idée de ses performances. Les modèles Z7 de Nikon et A7R III de Sony sont de redoutables concurrents pour cet appareil. Ces deux modèles offrent une meilleure résolution que l’EOS R, mais Canon est traditionnellement supérieure pour les détails de l’image.
Qualité des vidéos
Les appareils photo sans miroir sont parfaits pour prendre des vidéos, et voici ce que je n’aime pas de l’EOS R : filmer en 4K est limité à 30 ips, 1080p à 60 ips, et la vidéo au ralenti 120 ips est limitée à 720p. Ce n’est pas à la hauteur des autres appareils dans cette gamme de prix.
Non seulement cela, mais la vidéo 4K a un facteur de recadrage de 1,7x, donc on obtient un angle de vision beaucoup plus restreint. Utiliser un objectif grand-angle peut atténuer l’effet, mais un objectif de 24 mm devrait déjà être assez large. Le facteur de recadrage donne l’impression de faire un zoom avant sur le sujet.
La qualité n’en souffre pas, mais il faut changer un peu notre façon de filmer. De plus, toute résolution inférieure à 1080p pour une vidéo au ralenti est inacceptable pour un appareil photo de ce calibre, à mon avis. C’est dommage que la vidéo soit compromise, car les fonctions qui l’accompagnent sont intéressantes. On trouve les bonnes entrées pour microphone, un enregistrement 10 bits, et une bonne reproduction des couleurs.
Pour ces raisons, je recommande principalement l’EOS R pour ceux qui veulent surtout prendre des photos, et ne filmer qu’occasionnellement.
Autonomie
D’après Canon, l’EOS R peut prendre 370 photos par charge, ce qui est dans la moyenne et dépend de l’utilisation qu’on en fait. Si vous dépendez souvent du viseur électronique et de l’écran ACL, vous pourriez tomber à plat avant de prendre 300 photos. N’utilisez le viseur électronique que lorsqu’il détecte votre œil, et vous pourriez dépasser facilement 400 photos.
Si vous prévoyez prendre des tonnes de photos avec cet appareil, une batterie de rechange est une bonne idée. Fait intéressant, Canon a utilisé la même taille et le même type de batterie pour l’EOS R que pour certains de ses appareils photo reflex numériques précédents. Si vous avez une batterie compatible, vous avez déjà votre batterie de rechange.
Conclusion
L’EOS R est complètement différent des modèles sans miroir de Canon précédents. C’est un modèle plein format destiné aux photographes sérieux. Je l’ai déjà recommandé d’abord et avant tout aux photographes et non aux vidéastes, mais je vais élargir ici ma recommandation aux utilisateurs d’appareils de Canon.
Il est difficile pour moi de le recommander avant les modèles Z6 ou Z7 de Nikon ou A7R III (ou A7 III) de Sony, car à mon avis ces derniers sont plus polyvalents. Mais si j’avais un tas d’objectifs de Canon déjà, l’EOS R deviendrait une option très intéressante.
L’appareil EOS R de Canon est maintenant offert avec boîtier seulement ou avec l’objectif 24-105 mm.