Boss, la grande compagnie japonaise, a créé à la fin des années 1970 la collection de pédales d’effets de guitare électrique la plus célèbre de l’histoire : les pédales compactes (appelées « stompbox » en anglais) sont des produits de qualités toujours en demande chez les musiciens contemporains. En commençait par la sacro-sainte distorsion orangée (DS-1) en 1977, Boss a inventé puis manufacturé plus de cent modèles de pédales compactes. Vous voyez ce « mur de pédales » ? Ce cliché a été croqué sur le vif lors du congrès NAMM 2014 par l’auteur de ce texte. Plusieurs de ces produits sont encore offerts à travers le monde et peuvent être entendus sur plusieurs albums par des artistes connus. J’ai eu l’honneur de faire l’essai de trois des plus récentes pédales Boss dans le cadre de cet article. Deux produits basés sur la saturation et une pédale d’écho (ou réverbération). Quelle chance !
Blues Driver : la toute nouvelle BD-2w
Tout d’abord, la nouveauté : voici la nouvelle édition de la classique Blues Driver. Cette dernière fait partie de la série WAZA lancée à l’occasion du congrès NAMM 2015. J’ai eu le plaisir d’entendre les pédales WAZA à l’oeuvre dans le cadre d’une petite séance semi-privée au kiosque de Roland / Boss. C’est bien de comprendre comment une immense compagnie comme Boss tente constamment de se réinventer avec de nouvelles éditions de pédales d’effet très populaires. Souvenez-vous que la Blues Driver BD-2 originale a été lancée il y a 20 ans, en 1995.
Alors, quoi de neuf du coté de la BD-2w? D’importantes améliorations par rapport à la BD-2? Eh, bien oui. Il s’agit en effet d’un recâblage complet de toutes les connexions électroniques. Et en plus, il y a maintenant un interrupteur (juste sous le témoin lumineux) qui nous permet de passer du mode « Standard » au mode « Custom ». Le premier donne quelque chose de semblable à la BD-2 originale tant aimée : une saturation naturelle, très douce réagissant à l’agressivité de votre coup de plectre. Mais ce n’est tout de même pas identique à l’originale puisque l’électronique n’est, finalement, plus du tout la même.
Et le mode « Custom » nous donne un plus grand spectre de fréquences, surtout dans le département de la saturation. La classique BD-2 limitait les guitaristes dans la quantité de distorsion possible à partir de la pédale. Mais ce n’est plus le cas : poussez simplement l’interrupteur à « Custom » et faites crier votre guitare sans avoir à mettre le bouton de gain au maximum. Nous savons effectivement qu’il s’agit ici d’une tendance historique : les sonorités de guitares sont de plus en plus saturées avec les années.
Overdrive : la pédale OD-1X
Celle-ci a été lancée dans le cadre de NAMM 2014, l’année dernière. L’auteur de ce texte a également eu l’honneur d’y être lors du lancement pour la petite séance de « shredding » par un très gentil Canadien français. Boss a lancé du même coup les pédales OD-1X et DS-1X à ce moment, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de mettre la main sur une OD-1X à ce jour. Comme vous l’aurez deviné, ce sont toutes deux des rééditions des classiques OD-1 et DS-1 de 1977.
Il est intéressant d’ajouter ici que les pédales originales OD-1 et DS-1 ont été mises à jour à plusieurs reprises par Boss. En 1987 pour la DS-2 et 1985 pour la OD-2. Cette dernière n’est pas demeurée en fabrication très longtemps, et il a fallu attend 1997 pour voir naitre la suivante : OD-3. Alors, Boss ayant de la suite dans les idées, il fallait bien s’attendre à voir un nouveau modèle de OD pour nous plonger dans le vingt-et-unième siècle.
Fixons donc notre attention sur la pédale OD-1X et ses ancêtres. D’abord, la OD-1 était fort simpliste : la toute première pédale d’effet compacte pour la guitare. Elle était munie des boutons « Level » et « Overdrive » et permettait simplement aux guitaristes de saturer leur son encore plus que ce que les amplificateurs de l’époque étaient capables. Et ensuite, il y a eu la OD-2, appelée Turbo Overdrive, avec l’ajout des boutons « Tone » et « Turbo ». Le « Turbo » n’était qu’un interrupteur marche / arrêt pour la fonction. Et finalement, la pédale OD-3 est retournée à ses racines : « Level », « Tone » et « Drive », pour imiter la OD-1 avec plus de flexibilité. Et quelles belles pièces d’équipement facile à utiliser !
Alors, qu’a-t-on pu faire à la nouvelle OD-1X pour améliorer de grands classiques ? Est-ce simplement encore une fois plus ou moins les mêmes circuits avec un différent emballage et quelques nouveaux boutons ? Eh bien non. Même si les boutons sont maintenant tous en métal, la OD-1X est plutôt comme une édition limitée des pédales de saturations Boss. La plus grande différence, à mon avis, se trouve dans les nuances offertes par la OD-1X et la façon dont le signal audio est traité.
Une nouvelle technologie chez Boss (MDP pour « Multi-Dimensional Processing ») fait de la nouvelle OD-1X une pédale très sensible au jeu du guitariste. Il s’agit de la plus grande avancée par rapport à ses prédécesseurs analogues. La nouvelles pédales s’adpatent en temps-réel au jeu pour fournir une expérience de jeu plus équilibrée avec toujours autant de saturation. Cela fait de la OD-1X un outil qui, non seulement, réagit encore mieux aux différentes situations musicales, mais qui nous donne également une plus grande gamme de nuances.
Tera Echo (TE-2) : pas de la réverbération, ni de l’écho
Et puis voici la plus « vieille » des nouvelles pédales Boss, pour le dessert. Voici la pédale TE-2, lancée à l’occasion du congrès NAMM 2013. En fait, il s’agit de la centième pédale créée par Boss. Tout un anniversaire ! En plus, la TE-2 est la toute première pédale de marque Boss à être propulsée par la technologie MDP. La Tera Echo va au-delà des pédales traditionnelles d’échos et de réverbération en donnant accès à un environnement sonore (stéréo) riche pour les guitaristes.
Puisque la TE-2 réagit et analyse le signal d’entrée en « plusieurs dimensions », elle rend des sonorités et des effets s’ajustant à la situation musicale. Les circuits ne traitent donc pas tous les signaux de la même façon. Ce sont de belles nouvelles pour moi, guitariste jazz, puisque j’ai toujours un dilemme. Dois-je utiliser de la réverbération ou de l’écho ? Ou encore les deux ? La pédale TE-2 est la réponse de Boss à cette question.
Le verdict final : après l’essai, je crois bien que cette pédale est aussi pratique pour les guitaristes « non-jazz » (rock, folk, blues, etc.) pour rendre des textures d’écho autour de la sonorité finale de la guitare. La fonctionnalité « freeze » est excellente aussi, donnant au guitariste la chance de créer une ambiance sonore basée sur l’accord du même (telle qu’une pédale sur un piano). Alors la TE-2 est idéale pour gratter des accords, jouer des solos ou des riffs.
Mais, voici ce qu’y m’a sauté à l’oreille et qui commençait à m’embêter quelque peu après quelques heures : quand on joue des notes courtes (staccato), on peut entendre les restes des échos en bruits de font. Et ces restes ne sonnent pas naturels à mes oreilles. En jouant des accords jazz avec des « walking bass », on peut constamment entendre ce bruit de fond numérique. Un peu bizarre, malheureusement. Je vais probablement continuer d’utiliser mes bons vieux outils : réverbération avec un écho (délai) numérique. Mais pour tous les autres guitaristes (hors jazz), je crois qu’une seule Tera Echo peut vous épargner l’achat de deux pédales.
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Vidéo
L’auteur de cet article s’amuse avec la BD-2w, la OD-1X et la TE-2.