Il y a parfois de ces jeux qui laissent une trace indélébile dans notre imagination. Ce genre de jeu est tellement bien ficelé, ou tellement original, qu’il est tout simplement inoubliable. J’ai eu la chance ces derniers jours de m’amuser avec un jeu du genre. C’est véritablement un jeu qui, à mon avis, passera définitivement à l’histoire comme étant un titre unique en son genre. Je vous présente donc : Child of Light.
J’ai eu la chance de pouvoir être invité au lancement du jeu Child of Light, la dernière création d’Ubisoft Montréal. J’ai donc pu essayer le jeu en primeur lors du lancement et, depuis, je me suis follement amusé avec le titre. Voici donc ma critique de l’œuvre en question.
C’est quoi Child of Light ?
Child of Light, c’est plus ou moins l’occasion de retourner en enfance, l’espace d’un moment. En effet, les développeurs se sont surtout basés sur la thématique du conte pour enfants afin de produire leur titre. Toute la thématique y est ! Des dessins qui sont fortement inspirés de contes anciens, jusqu’à la trame narrative qui est écrite de manière à raconter une histoire toute en poésie.
La trame narrative est également très liée à la question de l’enfance ; le personnage principal, Aurora, vit en effet une transition de l’enfance à l’âge adulte. Child of Light c’est justement une expérience qui cherche à rejoindre l’enfant et l’adulte, tant dans l’histoire que dans la jouabilité. Bref, le tout est une véritable ode à ce que nous vivons de plus précieux lors de notre jeunesse, et à l’imaginaire de l’enfant.
Des graphismes somptueux
Lorsqu’on lance Child of Light, on doit tout d’abord souligner le fait que les graphismes sont exceptionnellement beaux. On est fait à un jeu essentiellement 2D, mais qui exploite tout de même un peu la 3D. Le développeur a fait le choix de tout placer dans un mode d’aquarelles. Les images sont douces et vives en couleurs. Ça donne vraiment l’impression de passer au travers de différents tableaux vivant, comme si le joueur était invité à voyer au travers un univers où l’art est omniprésent et rassurant.
On doit aussi souligner l’exploitation de l’espace qui est fait avec ce titre. Si beaucoup de jeux sont construits dans une optique de déplacement gauche-droite, Child of Light va plutôt chercher dans les verticales et les diagonales ; une originalité que l’on trouve très rarement dans les titres de ce genre.
Une écriture lyrique
Un autre élément qui frappe avec Child of Light : l’écriture est particulière. Tout le texte, tous les dialogues sont écrits en alexandrin. Les développeurs ont choisi de pousser sur la thématique du conte jusqu’au bout en faisant en sorte d’envelopper toute l’histoire dans une poésie lyrique. C’est parfois déroutant, car le joueur n’est pas habitué à ce genre d’écriture, mais c’est toujours agréable de se faire prendre ainsi par la main.
On ne peut que saluer l’effort surhumain que le travail d’écriture – et de traduction – a dû être. Certains critiques ont d’ailleurs affirmé que, parfois, les rimes du texte semblaient forcées. Je les mettrais tout simplement au défi d’écrire ne serait-ce qu’une seule chronique en alexandrin pour voir. Je ne suis as certain qu’ils arriveraient à la faire avec une seule dose de cohérence.
En plus, une tonne de plaisir !
Le jeu maintenant. C’est très amusant ! La mécanique du jeu de rôle est très bien construite et fonctionne de manière intime avec la narration de l’histoire. J’ai particulièrement aimé le fait de pouvoir contrôler l’Igniculus, une espèce de petite créature lumineuse en forme de goutte qui apporte son lot de pouvoirs lors des combats. Il y a deux méthodes pour y arriver, soit vous le faites en jouant seul – il s’agit d’utiliser les commandes de droite -, soit un autre joueur s’amuse avec la petite créature. C’est là que le jeu ouvre la voie à une partie entre l’adulte et l’enfant. Le jeu devient réellement dynamique et mélange à la fois la complexité des jeux de rôle à la simplicité de certains jeux d’action.
Sinon, le tout se développe comme un jeu de rôle japonais traditionnel. Le personnage principal se développe au dur et à mesure que la quête se déploie, il gagne en expérience et en niveaux. Ces niveaux apportent de nouvelles compétences au joueur qui devra choisir comment se développe son personnage. Il y a vraiment beaucoup de compétences et le joueur ayant joué à Final Fantasy X se retrouvera probablement un peu en terrain connu.
Par contre, le joueur habitué sera peut-être un peu déçu par le fait que le titre est particulièrement facile. Je recommanderais donc d’élever la difficulté du jeu dès le départ, et ce, afin d’avoir une expérience de jeu plus stimulante. On voit en fait que les développeurs ont voulu faire en sorte que ce jeu puisse être joué à la fois par un enfant et un adulte. C’est donc une excellente introduction au genre du jeu de rôle.
Mots de la fin
Au final, on pourra critiquer Child of Light essentiellement sur sa durée. Avec environ 15 heures de jeu, on est loin du traditionnel jeu de rôle japonais. On est vraisemblablement plus près des jeux de rôle indépendants développés en Amérique du Nord. Ainsi, si vous êtes véritablement fervents du genre, soyez avisé qu’il se pourrait que votre expérience se termine plus abruptement que ce à quoi vous êtes habitués.
Cependant, ce n’est pas la durée du titre qui en fait un chef-d’œuvre ; c’est l’ensemble. Or, dans ce cas bien particulier, je dois dire qu’Ubisoft a réussi à nous offrir un véritable paquet cadeau qui est un baume pour l’âme. Je dois dire que cela faisait longtemps que je n’avais pas été aussi impressionné par un titre : chapeau Ubisoft Montréal ! Au final, ce titre devra finir par faire taire les obscurantistes pseudo-intellectuels qui affirment que le jeu vidéo n’est pas une forme d’art. Child of Light est l’archétype du jeu vidéo qui est plus une œuvre ludique.
Note globale : 5 / 5