Pour la sortie du jeu Assassin’s Creed Mirage, j’ai été invitée dans les studios de Ubisoft Montréal afin de m’entretenir avec ses artisans. J’ai rencontré l’historien Raphaël Weyland qui m’a expliqué son rôle dans le développement du jeu qui se passe cette fois à Bagdad au IXe siècle.
*Pour l’écrit, l’entrevue est rééditée pour en faciliter la compréhension.
L’Histoire dans Assassin’s Creed Mirage
Mélanie Boutin-Chartier: Raphaël Weyland, vous êtes historien spécialiste du Moyen-Orient. Qu’est-ce que cette expertise a apporté à Assassin’s Creed Mirage ?
Raphaël Weyland: L’environnement du jeu se déroule à Bagdad qui se trouve au Moyen-Orient. Elle regroupe plusieurs cultures, persanes, arabes, grecques. Tout ce bagage a servi à l’équipe de développement. J’ai aussi fait beaucoup de recherches, en plus de ce que je savais déjà, pour répondre aux questions de la production.
On essaie d’utiliser toutes ces connaissances pour rendre le monde aussi agréable et vivant que possible. Les détails vont de l’histoire du jeu en tant que tel mais aussi les bâtiments, les couleurs, les armes, la nourriture, les vêtements. Dans tout cela, il y a un aspect historique à considérer. On essaie aussi de comprendre ce que pouvaient être les motivations des gens de cette époque. À quoi ils pensaient. Ils n’avaient pas forcément la même réflexion que nous avons sur le monde. On essaie donc de se couler à l’intérieur de ce que pouvait être la mentalité de l’époque.
Assassins et Templiers
MBC: Notre personnage principal, Basim. Qui est-il ? On voit au début du jeu qu’il vient de la basse classe ?
RW: Oui, il est devenu un voleur de rue. Mais apparemment, son père était un grand architecte qui a fait face un rival plus puissant que lui. Il est mort et Basim s’est retrouvé tout seul. Il n’a donc pas toujours vécu dans la basse classe mais il finit par devenir un enfant des rues.
Basim n’est pas un personnage qui a existé. Or, ce type de personnage, un enfant des rues qui vit de grandes aventures et suit un destin tracé est très courant dans les récits du Moyen-Orient. Dans beaucoup de textes de l’époque et de cette région, il y a cet espèce d’amour pour celui qui est capable de se servir de son intellect et autres qualités qui ne sont pas apparentes pour se venger de la vie ou rehausser sa situation. Un beau prince arrogant qui se fait voler son trésor sous son nez est un parfait exemple maintes fois répétés dans les récits iraniens, persans ou arabes.
MBC: Assassin’s Creed Mirage nous présente l’Ordre des Anciens comme les vilains du jeu.
RW: Notre jeu est vu comme un précurseur à la saga Assassin’s Creed. Pour résumer, les Templiers sont ceux qui tirent les ficelles du monde entier pour imposer leur domination alors que les Assassins sont ceux qui leur résistent afin de conserver la liberté de l’humanité. Le conflit entre ces deux groupes est millénaire mais dans Assassin’s Creed Mirage, on ne les appelle pas encore comme ça. Le scénario se déroule environ 250 ans avant sur la ligne du temps. On parle donc ici de Ceux qu’on ne voit pas (les Hidden Ones) et l’Ordre des Anciens.
Un retour aux sources de la franchise
MBC: Assassin’s Creed Mirage revient aux sources de ce qu’est la franchise Assassin’s Creed. On s’est concentré dans une seule ville et ses environs. Comment c’était de travailler dans un environnement beaucoup plus concentré et restreint que les derniers jeux par exemple ?
RW: C’est plus réduit en taille mais en même temps, c’est plus dense. Effectivement, on a décidé qu’on voulait revenir à la recette originelle tout en gardant des éléments des derniers jeux. On essaie de mélanger ce qu’il y a de mieux de tous nos jeux Assassin’s Creed. On voulait une ville qui a beaucoup de parkour. Pour cela, ça nous prenait un environnement relativement restreint pour sauter de toit en toit. On voulait une histoire un peu moins longue que par le passé et plus linéaire. Que la ville ville soit plus petite, ça ne veut pas dire qu’il y a moins d’activités à y faire ou de choses qui s’y passe.
MBC: La série Assassin’s Creed est reconnue pour y inclure des personnages connus dans l’histoire réelle. Qui pourra-t-on rencontrer à Bagdad ?
RW: Il y en a plusieurs. Je vais mentionner par exemple les trois frères qu’on appelle les Banū Mūsā, c’est-à-dire les fils de Musa. Ce sont des passionnés de mécanique et de mathématiques qui ont rédigé un livre intitulé « Le livre des inventions mécaniques ». C’était des intellectuels de l’époque. Dans le jeu, on les a utilisés pour qu’ils deviennent les alliés de Basim. Ils l’aideront à fabriquer ses outils comme les bombes explosives, les sarbacanes, etc.
Il y a d’autres personnages que nous laisserons les joueurs découvrir mais il y a au moins un calife, une poétesse et un philosophe qui ont réellement existé et qu’on a intégré à l’histoire.
Quinze ans d’histoires Assassin’s Creed
MBC: Pour terminer, Assassin’s Creed existe depuis plus de quinze ans maintenant. Qu’est-ce que ça représente pour Ubisoft ?
RW: D’abord une grande fierté. Très peu de séries dans le monde du jeu vidéo ont franchi un cap comme celui-ci. Ça montre à quel point ce monde est riche et qu’il a frappé quelque chose de profond dans le cœur des joueurs. C’est un univers tellement populaire et suivi que tout ce que l’on fait est scruté à la loupe. On le sait, donc ça nous pousse à nous dépasser et donner le meilleur de nous-mêmes.
Assassin’s Creed Mirage est disponible depuis le 5 octobre
Disponible depuis le 5 octobre, j’ai eu l’occasion de jouer et terminer mon aventure dans Assassin’s Creed Mirage. Pour en connaître mes impressions, je vous invite à lire mon test du jeu sur le blogue.
Procurez-vous Assassin’s Creed Mirage sur le site de Best Buy
Voyez l’ensemble des jeux vidéo disponibles sur le Bestbuy.ca
Magasinez les jeux vidéo offerts en téléchargement numérique sur le BestBuy.ca
Très très intéressant comme entrevue! Ça me donne le goût de jouer au jeu.
Comments are closed.