
En 2020, Ghost of Tsushima a établi une nouvelle référence en matière de jeux de samouraïs en monde ouvert. Aujourd’hui, Sucker Punch Productions récidive avec Ghost of Yōtei, qui déplace l’action vers le nord, à Ezo. Cette fois-ci, vous n’incarnerez pas Jin Sakai, mais Atsu, ce qui donne d’emblée un ton très différent.
Se lancer dans une suite suscite toujours des sentiments mitigés. On veut retrouver les éléments familiers qui nous ont séduits la première fois, mais on ne veut pas non plus avoir l’impression d’avoir affaire à un simple copier-coller. C’est ce qui me préoccupait au moment de découvrir Ghost of Yōtei. L’équipe de Sucker Punch allait-elle encore une fois viser dans le mille? Ou allait-on simplement avoir l’impression de revoir la même chose?
Je n’ai pas eu besoin de me faire prier pour me lancer dans cette nouvelle aventure. Dès que j’ai vu le code d’évaluation de PlayStation Canada arriver dans mes courriels, j’ai souri, prêt à passer quelques nuits blanches à y jouer.

Détails de Ghost of Yōtei
Plateforme : PlayStation 5
Développeur : Sucker Punch Productions
Éditeur : Sony Interactive Entertainment
Genre : Action-aventure
Mode : Solo
Cote ESRB : M (Jeunes adultes 17 ans et plus)
L’histoire de vengeance d’Atsu
L’histoire d’Atsu ne perd pas de temps pour planter le décor. Seize ans avant les événements principaux, sa famille a été assassinée par les Six de Yōtei, un groupe impitoyable dirigé par le seigneur Saitō. Elle a été laissée clouée à un arbre en feu et a miraculeusement survécu. Cette nuit-là a façonné tout ce qui a suivi. Contrairement à Jin Sakai, qui portait le fardeau de l’honneur et de l’héritage, Atsu est endurcie depuis le début. Elle ne recherche pas l’équilibre, elle est uniquement motivée par la vengeance.
Chaque membre des Six de Yōtei semble planer comme une ombre menaçante sur son parcours. Il y a le Serpent, l’Oni, le Kitsune et les autres membres des Six de Yōtei sous les ordres du seigneur Saitō. Chaque rencontre avec eux fait avancer l’histoire d’une manière qui semble personnelle. J’ai aimé le fait que chacun d’entre eux ne soit pas simplement un nom sur une liste. Leur présence donne du poids à la vengeance d’Atsu, faisant des confrontations finales bien plus que de simples combats contre des boss.
Ce qui m’a le plus frappé, c’est la façon dont Atsu est écrite. Ce n’est pas une guerrière liée par l’honneur et aux prises avec des idéaux, mais une survivante marquée par les cicatrices. À certains moments, je me suis surpris à remettre en question ses choix, ce qui m’a rendu encore plus impliqué. Le jeu n’hésite pas à se demander si la vengeance ne fait qu’engendrer davantage de pertes.
Le rythme n’est toutefois pas parfait. Le premier chapitre est long, avec beaucoup de digressions avant que l’action ne démarre vraiment. Le deuxième chapitre est plus resserré, et le troisième chapitre accélère vers la fin. Le rythme change beaucoup. Parfois, ça fonctionne, parfois non. Même avec ces irrégularités, l’histoire m’a captivé. Atsu semble être une évolution naturelle de la série, et son parcours est plus intense que je ne l’avais imaginé. Si Tsushima traitait de l’honneur, Yōtei traite de la survie, et cette différence fait toute la différence.

Lames, primes et découvertes
Le combat dans Ghost of Yōtei s’appuie sur les fondations de Tsushima, mais va encore plus loin. Au lieu de changer de posture, Atsu doit maîtriser des ensembles d’armes complets. L’ōdachi inflige des coups puissants et dévastateurs, mais vous expose à des attaques si vous calculez mal votre timing. La lance yari offre une grande portée, parfaite pour tenir à distance les ennemis maniant deux armes. Le kusarigama est mon préféré. Sa faucille à chaîne vous permet de contrôler les foules et d’opter pour des espacements délicats. Les doubles lames permettent d’agir rapidement et sans relâche, tandis que les arcs permettent de tirer à courte et longue distance. Ajoutez à tout ces éléments le fusil, le kunai, les bombes et les consommables comme la fumée et la poudre aveuglante, et vous aurez toujours un autre outil à essayer.
Je suis tombé sur une prime qui ne s’est pas déroulée comme prévu. J’ai repéré la cible à travers ma longue-vue, je me suis approché et j’ai été désarmé presque instantanément. En essayant de récupérer mon katana tout en esquivant un coup de lance, le combat s’est transformé en chaos. C’était le genre d’escarmouche désordonnée qui vous rappelle à quel point les choses peuvent vite dégénérer si vous commettez une erreur.
L’exploration suit son propre rythme. La longue-vue vous aide à découvrir des sanctuaires, des camps et des lieux cachés sans avoir à consulter constamment la carte. Les indices recueillis auprès des habitants et dans les auberges vous guident vers vos objectifs, même s’ils peuvent parfois sembler redondants lorsque plusieurs chemins mènent à la même destination. Les activités secondaires comme la peinture sumi-e et le shamisen vous offrent un moment de répit loin des combats, tandis que la coupe de bambou, les sources chaudes et la chasse aux primes viennent compléter le tout.
L’équilibre fonctionne bien, même si quelques failles apparaissent. Certaines animations de combat se répètent suffisamment souvent pour être remarquées, et le système de rumeurs encombre parfois la progression au lieu de la simplifier. Malgré tout, le mélange entre exploration et combat reste gratifiant. J’ai continué à tester différentes armes, à tisser des liens avec mon compagnon loup et à suivre des pistes à travers Ezo. Il y a toujours quelque chose d’intéressant à faire.

La vie débordante d’Ezo
Côté technique, Ghost of Yōtei tire pleinement parti de la PS5. Vous pouvez choisir entre le mode fidélité, qui offre une résolution et des détails améliorés à 30 images par seconde, et le mode performance, qui verrouille le jeu à 60 images par seconde avec des mouvements plus fluides. J’ai passé la plupart de mon temps en mode performance et je n’ai jamais remarqué de baisse de performances. Les temps de chargement sont pratiquement inexistants grâce au SSD de la console, ce qui rend les déplacements rapides aussi rapides qu’une simple pression sur un bouton.
Les environnements eux-mêmes regorgent de détails. Le temps change au fil des jours, la lumière évolue de manière dynamique et les effets de particules ajoutent de la texture aux combats et à l’exploration. En parcourant Ezo, j’ai remarqué de nombreux petits détails. La façon dont l’herbe bougeait dans le vent, le scintillement des feux dans un village, ou encore le crissement de la neige sous les pas. Ces petits détails contribuent à créer un monde qui semble vivant, sans qu’il soit nécessaire de rappeler constamment à quel point il est techniquement avancé.
Le son est également à la hauteur. Les armes s’entrechoquent avec un son métallique, les pas changent en fonction de la surface et les tempêtes résonnent avec puissance. Le doublage japonais est enfin synchronisé avec les animations labiales, ce qui rend les conversations plus naturelles. La bande-son mélange des instruments traditionnels avec quelques touches inattendues, notamment une option de rythmes lo-fi qui crée une ambiance détendue lorsque vous parcourez la carte.
La manette DualSense ajoute une autre dimension. Vous tracez des traits sur le pavé tactile pour peindre au sumi-e, vous pincez les cordes du shamisen avec un toucher subtil et vous sentez une résistance lorsque vous forgez des armes ou allumez un feu. Les flashbacks mémoriels se distinguent également, vous permettant de passer sans transition du passé au présent en maintenant le pavé tactile enfoncé.
Le doublage mérite une mention spéciale. Erika Ishii donne vie à Atsu grâce à une interprétation brute et réaliste qui m’a marqué longtemps après la fin de mes séances. Tout n’est pas parfait. Les animations des PNJ sont parfois saccadées ou maladroites. Dans l’ensemble, la présentation est l’un des points forts de Yōtei.

Ghost of Yōtei offre un voyage impitoyable mais enrichissant
Ghost of Yōtei n’hésite pas à aborder des thèmes lourds, ce qui lui confère une atmosphère différente de celle de Tsushima. L’histoire axée sur la vengeance, le système de combat amélioré et l’accent mis sur la découverte s’associent pour créer une suite ambitieuse qui conserve l’essence même de ce qui a fait le succès du premier opus.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est Atsu elle-même. Son parcours m’a davantage touché que celui de Jin Sakai. Alors que Jin était tiraillé entre l’honneur et le devoir, Atsu est définie par le traumatisme et la survie. Voir jusqu’où elle était prête à aller m’a fait réfléchir à plusieurs reprises. Cette dimension de son histoire a imprégné toute l’expérience, ce qui en fait l’une des principales raisons de voir Yōtei jusqu’au bout.
L’expérience de jeu se marie bien à cette ambiance grâce à une variété d’armes qui semblent distinctes et gratifiantes à maîtriser. L’exploration et les activités secondaires contribuent à donner vie au monde, offrant un répit entre les moments forts de l’histoire. Même de petites touches comme le compagnon loup ajoutent de la personnalité. Le jeu n’est toutefois pas parfait. Le rythme de l’histoire semble inégal, les animations se répètent et les PNJ se déplacent parfois de manière maladroite. Le système de rumeurs ajoute également parfois plus de confusion que de clarté.
Points positifs | Points négatifs |
---|---|
L’histoire d’Atsu, motivée par la vengeance, semble plus crue et plus percutante que celle de Jin Sakai. | Le rythme de l’histoire semble inégal entre les trois chapitres. |
Le combat offre une réelle variété avec différents ensembles d’armes à maîtriser. | Certaines animations de combat deviennent répétitives au fil du temps. |
L’exploration reste enrichissante grâce à la longue-vue, aux rumeurs et aux diverses activités secondaires. | |
Erika Ishii offre une interprétation puissante et mémorable dans le rôle d’Atsu. |
Évaluation globale de Ghost of Yōtei
Expérience de jeu : 4,5/5
Graphismes : 5/5
Son : 5/5
Intérêt à long terme/Rejouabilité : 4,5/5
Note globale : 4,8/5 (96 %)
Les points positifs de Ghost of Yōtei l’emportent largement sur les défauts. Que vous vous essayiez au combat, exploriez des sanctuaires ou vous imprégniez simplement de l’atmosphère, il y a toujours quelque chose qui vous pousse à continuer. Ghost of Yōtei ne remplace pas Tsushima, mais il s’impose comme un titre à part entière, avec une voix plus forte et plus personnelle. Si vous attendiez une raison de revenir à la vision du Japon samouraï de Sucker Punch, ce jeu est un excellent argument.