Un des amplificateurs Fender de la gamme la plus populaire d’amplis (sur la planète !) a fait un détour par mon studio récemment pour un bref essai. Vous l’aurez deviné, il s’agit du plus petit appareil de la série d’amplificateurs Mustang V.2 créée il y a quelques années du côté de Fender. Vingt watts de simulations numériques de grands classiques des sonorités de guitares électriques, et beaucoup de puissance par rapport à sa grosseur. Une belle polyvalence surprenante du côté de Fender. Allons voir plus en détail les aspects de ce produit et de mon essai.
Tout d’abord, comme vous le savez déjà probablement, je suis un homme vendu aux amplificateurs CUBE de Roland. Je trouve que la compagnie Roland a un bel historique de produits à transistors qui fonctionnent dans toutes sortes de contextes et sont fiables à souhait. Donc, pas surprenant que je n’utilise pas d’amplificateur à simulation numérique de Fender. Les produits Fender qui font partie de mon arsenal sont des amplificateurs à lampes, tels que le Fender Blues Junior 15W. Pas que je ne suis pas assez ouvert d’esprit pour faire un essai (ou même de changer mon fusil d’épaule complètement et d’adopter les Fender numériques). C’est que je n’en ai simplement pas eu l’occasion jusqu’à ce jour ! Alors, ce fut un plaisir de tenter de briser les fenêtres (des voisins) avec le Mustang V.2 de Fender. J’ai mis toutes mes attentes et mes préjugés de côté, et l’expérience fut fort agréable !
Du coeur au ventre, la série Mustang
Il me semble que 20W, c’était moins fort que ça quand j’étais jeune. Ou bien est-ce simplement moi qui vieillis ? Tout d’abord, l’amplificateur Mustang I V.2 de Fender pousse 20W de son grâce à son unique haut-parleur de 8 pouces. Ce dernier est gradé à 8 ohms d’impédance, ce qui est tout à fait standard. À un poids juste une petite coche au-dessus de 7 kg, c’est même étonnant d’en venir au fait qu’un haut-parleur (et son aimant) se loge à l’intérieur du produit. C’est que les circuits imprimés sont très légers, et compensent amplement pour le poids de l’aimant. L’amplificateur est pratiquement de forme « carrée » (environ 40 cm), mais son épaisseur nous étonne aussi : juste 25 centimètres de profond ! Mais c’est qu’il est mince, le jeune homme !
En comparaison à ses « amis » de la série Mustang, le Mustang I est minuscule d’ailleurs. Notons que le Mustang II pousse 40W avec un seul haut-parleur de 12 pouces. Tandis que le Mustang III crache 100W grâce à un haut-parleur de même taille. Et finalement, la tête d’amplification (aucun haut-parleur intégré) Mustang V livre 150W de décibels. Tout comme le combiné Mustang IV, muni de deux haut-parleurs de 12 pouces.
Le numérique
Au niveau plus technique, Fender tente de gagner du terrain du côté des simulations numériques. C’est que la compagnie peut compter sur simuler plusieurs amplis Fender qui ont passé à l’histoire. Le Mustang I V.2 simule donc une belle panoplie d’amplificateurs classiques pour un total de 17 modèles d’amplificateurs. Du plus clair des sons jusqu’au trash-metal bien assumé en passant par tous les « crunch » guitaristiques imaginables, 17 possibilités produisent une infinité (pratiquement) de sonorités une fois que l’on se met à ajuster les boutons.
Du côté des effets numériques, j’ai fait un décompte rapide. Le Mustang offre un bel éventail de possibilités.
- 12 effets de modulation (par exemple : chorus, phaser, flanger, etc.)
- 7 effets d’écho, donc de « delay » en anglais.
- 8 effets de réverbération, incluant bien sur le légendaire « Spring Reverb » (à ressort) de Fender
Le tout très facilement ajustable directement avec les boutons et interrupteurs directement sur l’amplificateur. C’est surprenant. Et, bien entendu, l’amplificateur Mustang offre la possibilité de configurer un son puis de le sauvegarder directement à partir de la console devant l’ampli. Il n’y a pas d’écran est les contrôles sont simples et intuitifs. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est du jamais vu, mais la facilité que j’ai à utiliser l’ampli m’épate.
Petit désagrément (pour moi du moins) : il n’y a pas de bouton de « Middle » sur le Mustang I, donc pas d’égalisateur à trois bandes. Il nous reste « Bass » pour les fréquences basses et « Treble » pour les fréquences hautes. Un peu décevant puisque le réglage des « mids » est ce qui forge mon son depuis des années sur le Fender Blues Junior. Lorsque je joue du jazz (mon style principal), les « mids » sont pratiquement toujours à fond, tandis que les « Bass » et « Treble » demeurent à 2 ou 3. Lorsque je joue du rock et du blues, c’est plutôt l’inverse : les « mids » sont plus bas et les deux autres sont assez hauts. Enfin bref, il faut quand même s’entendre sur le fait qu’il ne s’agit que d’un ampli de pratique, et non celui que j’apporterai faire mon spectacle à l’Olympia.
Et USB s’il vous plait !
La série d’amplificateurs Mustang permet aux guitaristes de se brancher directement (par une prise USB) à un ordinateur afin de dévoiler d’autres possibilités techniques. Tout d’abord, le câble USB permet la prise en charge de l’amplificateur par un ordinateur (Mac ou PC) pour un enregistrement direct. Le son modélisé (c’est-à-dire simulé) est bien entendu celui qui est enregistré sur une piste.
Le logiciel Fender FUSE offre une encore plus grande flexibilité. C’est-à-dire que certaines possibilités d’ajustement du son demeurent intouchables tant que l’on n’a pas branché le Mustang à un ordinateur par la prise USB. C’est un mal pour un bien. Mais ce que je trouve de fascinant c’est que la prise USB permet de sauvegarder une infinité (oui oui !) de sonorités. L’interface sur l’ampli même est bien évidemment limitée en terme de mémoire. Notez que d’autres produits Fender utilisent le logiciel FUSE, est c’est à mon humble avis une réussite.
Le verdict
Je trouve que le Mustang I V.2 de Fender est un bon ampli pour pratiquer seul. Idéal pour le musicien de chambre à coucher, ou le guitariste qui n’aura jamais à jouer avec un batteur. Mais la vérité vraie, c’est que je vais continuer à utiliser un Roland. Pour me procurer un amplificateur de la série Mustang qui se compare à mon CUBE de 60W, il faudrait que je regarde du coté du Mustang II (pour 40W) ou même Mustang III (pour 100W). Et les simulations n’en valent pas la chandelle à mon avis. En tant que musicien professionnel, si j’utilise Fender, c’est pour avoir le « vrai son » d’amplis à tubes… et non pour en obtenir une douzaine de pâles copies.